Surtaxer les Voitures Électriques Chinoises : Une Protection Illusoire pour l'Industrie Européenne
La surtaxe imposée par l’UE sur les voitures électriques chinoises dès octobre 2024, approuvée de justesse, est saluée comme une avancée politique mais représente un risque majeur pour les constructeurs européens. Seuls les modèles électriques à batterie (BEV) et les prolongateurs d’autonomie (EREV) sont visés, tandis que les véhicules hybrides en sont exemptés, offrant un avantage à des marques comme MG et BYD, qui disposent d’un portefeuille hybride compétitif. La mesure encourage la construction d’usines en Europe, mais l’intégration verticale des constructeurs chinois, comme BYD, leur confère un avantage intact. L’Europe pourrait aussi faire face à une spirale inflationniste si la surtaxe est répercutée sur les prix. Pire, le bras de fer avec la Chine risque de perturber l’approvisionnement en batteries et composants critiques, affectant lourdement l’industrie européenne, notamment les constructeurs allemands, sur leur marché d’exportation.
Sesterce : l'Ambition d'un Géant Français de l'IA
Sesterce, société marseillaise spécialisée dans la puissance de calcul, ambitionne de devenir le nouvel OVHcloud de l’IA en Europe. Ayant débuté dans le minage de cryptomonnaies, Sesterce s’est diversifiée pour fournir des infrastructures adaptées à l’entraînement des modèles d’intelligence artificielle (IA). Le projet Sesterce Data Center prévoit la construction de sept datacenters d’ici 2030, représentant une capacité énergétique de 1 gigawatt. Ces infrastructures, dotées de supercalculateurs Nvidia, sont conçues pour accueillir des racks dissipant jusqu’à 250 kW, bien au-delà des capacités traditionnelles. Selon le PDG Youssef El Manssouri, la demande en puissance de calcul explose, notamment pour des applications de robotique et d’automobile, nécessitant des modèles d’IA complexes. Pour financer ce projet ambitieux, l’entreprise table sur des partenariats stratégiques avec des investisseurs majeurs. L’objectif est clair : soutenir la souveraineté technologique européenne et rivaliser avec les leaders américains tels que CoreWeave.
1 Milliard d’Euros pour Raccorder les Énergies Renouvelables en Occitanie
Pour répondre aux besoins croissants en énergies renouvelables (EnR), Enedis a annoncé un investissement colossal d’1 milliard d’euros en Occitanie d’ici 2032. Cet effort vise à raccorder 8 gigawatts de capacité, l’équivalent de six tranches de centrale nucléaire, au réseau électrique. Actuellement, la région raccorde l’équivalent d’une tranche nucléaire tous les deux ans grâce à l’essor des projets solaires et éoliens. Bastien Toulemonde, directeur régional d’Enedis, a précisé que le renforcement des infrastructures passera par la modernisation de 291 km de lignes et la construction de 210 km supplémentaires, accompagnée de 21 nouveaux postes électriques. Pour financer ce plan, RTE et Enedis investiront 329 M€, tandis que les producteurs d’EnR assumeront 716 M€, soit 81 600 € par mégawatt. Cette initiative, qualifiée de « deuxième électrification », générera 1 000 emplois par an. Enedis a également lancé une école des réseaux de la transition énergétique pour former cette main-d’œuvre.
Datacenters : Un atout pour l’économie et l’emploi en France
Une étude de CyrusOne révèle que 93 % des Européens ont une perception positive ou neutre des datacenters. Cependant, leur rôle reste mal compris, notamment en France, où seuls 39 % des sondés les considèrent comme essentiels pour les services numériques, un chiffre inférieur à celui observé en Allemagne (66 %) et en Irlande (60 %). En revanche, 66 % des répondants reconnaissent l’apport économique des datacenters, notamment pour la création d’emplois locaux, ce qui favorise leur acceptation. En France, 59 % des citoyens se disent prêts à accueillir un datacenter dans leur région, une ouverture notable qui témoigne de la reconnaissance croissante de leur utilité dans le quotidien numérique.
Néanmoins, des préoccupations sur leur impact environnemental persistent, avec 50 % des Français inquiets de leur consommation énergétique. Pour renforcer leur acceptation, l’industrie doit adopter des pratiques plus durables, d’autant que 83 % des sondés en France seraient prêts à revoir leur opinion si des efforts en matière de durabilité étaient visibles.
L'impact croissant du numérique sur l’énergie et les ressources naturelles en France
Le numérique représente déjà 10 % de la consommation d’électricité en France, et son empreinte carbone pourrait tripler d’ici 2050 avec le développement de l’intelligence artificielle, la prolifération des data centers et l’augmentation des équipements numériques. Cette tendance est incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris, alertent l’Ademe, l’Arcom et l’Arcep, qui plaident pour un pilotage européen des impacts environnementaux.
Deux rapports de l’Ademe révèlent l’ampleur de ces défis. Le premier souligne que les data centers génèrent 16 % de l’empreinte carbone du numérique en raison d’une hausse annuelle de 20 % des données et d’une forte consommation d’eau pour le refroidissement, critique lors de périodes de sécheresse. Le second rapport met en évidence la dépendance aux métaux : sur les 25 métaux utilisés pour les équipements, la Chine produit 15 d’entre eux, souvent en quasi-monopole, et aucune filière de recyclage industrielle n’existe en Europe pour la moitié de ces métaux, créant des risques écologiques et stratégiques pour l’avenir.
Révolution énergétique des data centers européens: vers une durabilité et efficacité
Face à une demande énergétique qui devrait tripler d’ici 2030, les data centers européens sont à un tournant critique, nécessitant un changement profond pour concilier croissance numérique et durabilité. Avec une consommation annuelle anticipée de 150 TWh, le secteur requiert un financement de 300 milliards de dollars pour l’infrastructure et les technologies de gestion de l’énergie. Les principaux acteurs, comme Amazon et Microsoft, consomment à eux seuls jusqu’à 70 % de cette énergie et commencent à se tourner vers des sources renouvelables comme le solaire et le nucléaire.
L’introduction massive de l’IA promet d’optimiser les modèles énergétiques, réduisant ainsi le gaspillage et maximisant l’efficacité dans la distribution d’énergie. Pourtant, ce passage à une infrastructure énergétique verte en Europe se heurte à des défis importants : des investissements élevés, une réglementation complexe et l’intégration d’une technologie novatrice avec des systèmes existants. Ce tournant énergétique promet d’allier efficacité et innovation, mais soulève également des enjeux économiques et environnementaux pour le continent.