L'industrie : une transformation méconnue des jeunes
Le sociologue Jean Viard souligne que l’industrie française souffre d’une mauvaise image auprès des jeunes, qui la perçoivent comme polluante, masculine, et peu attractive. Pourtant, l’industrie actuelle a profondément changé, devenant le lieu de l’innovation technologique et de la transition écologique. Contrairement aux idées reçues, elle ne représente que 17 % des émissions de gaz à effet de serre, bien loin des 50 % imaginés par beaucoup, et offre aujourd’hui des métiers très qualifiés et bien rémunérés dans des environnements automatisés et numériques.
La féminisation progresse lentement, avec seulement 30 % de femmes dans les écoles d’ingénieurs. Ce manque d’attractivité pose problème car l’industrie prévoit de créer 1 million d’emplois d’ici 10 ans, et peine déjà à recruter. Viard met en avant la nécessité d’une « bataille culturelle » pour montrer que l’industrie a évolué, et qu’elle est aujourd’hui indispensable à la guerre écologique, avec un rapport à la nature qui a changé. Elle doit désormais jouer avec les énergies renouvelables et non plus les dominer.
Le risque, selon Viard, est que l’industrie ne se développe pas assez rapidement et que la France reste dépendante d’importations, comme pour les panneaux solaires chinois. La relocalisation des activités est cruciale, mais elle ne pourra réussir sans une mobilisation des jeunes talents pour innover et transformer les processus industriels.
Meta se lance dans la géothermie pour des Data Centers plus durables
Meta a annoncé un partenariat avec Sage Geosystems pour exploiter l’énergie géothermique et alimenter ses Data Centers aux États-Unis, marquant une nouvelle étape dans sa stratégie de réduction de son empreinte carbone. Cette initiative vise à atteindre l’objectif ambitieux de zéro émission nette d’ici 2030. Contrairement aux énergies solaire et éolienne, la géothermie offre une source d’énergie stable et continue, particulièrement adaptée aux besoins des centres de données, qui nécessitent une alimentation ininterrompue.
Le projet représente un investissement majeur, avec des coûts estimés à 50 millions de dollars pour la première phase, prévue pour être opérationnelle d’ici 2027. Meta doit surmonter plusieurs défis, tels que la recherche de sites adaptés et l’obtention des permis nécessaires, mais l’entreprise semble déterminée à réussir cette transition énergétique.
La géothermie, pratiquement inépuisable, pourrait devenir un élément clé de l’avenir énergétique de l’industrie technologique. Cette initiative pourrait également encourager d’autres géants du numérique à explorer des solutions similaires pour décarboner leurs opérations et répondre aux enjeux climatiques croissants.
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Réindustrialisation : le budget 2025 préserve des atouts malgré des défis
Le projet de budget 2025 du gouvernement Barnier, bien qu’annonçant des mesures de rigueur, préserve certains leviers clés pour l’industrie française. Il maintient le crédit impôt-recherche (7 milliards d’euros), essentiel pour attirer et ancrer les activités de recherche et développement en France. La flat tax (Prélèvement Forfaitaire Unique sur les revenus du capital) est également conservée, renforçant l’attractivité pour les investisseurs. De plus, le programme France 2030 continue de soutenir l’innovation industrielle, sous réserve qu’il ne subisse pas de coupes budgétaires lors des débats parlementaires.
Cependant, le budget présente aussi des obstacles. L’augmentation temporaire de l’impôt sur les grandes entreprises (qui doit rapporter 8 milliards d’euros) pourrait affecter l’ensemble de la chaîne de valeur, notamment les plus petits sous-traitants des grands groupes industriels. De plus, le report de la baisse de la CVAE et la réduction de Ma Prime Renov sont jugés négatifs pour les entreprises, notamment dans le secteur du bâtiment, déjà fragilisé.
Le défi pour l’industrie réside dans la capacité à décarboner l’économie sans entraver la croissance, avec un besoin crucial de réformes structurelles pour soutenir à la fois les comptes publics et l’emploi industriel.
Construire une industrie durable : repenser les déchets et l'industrialisation
Dans la course pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), Christophe Yvetot, représentant de l’ONU, insiste sur l’importance de l’industrialisation durable. L’un des grands défis est de produire avec le moins d’impact environnemental possible. Yvetot propose de repenser le concept de déchets, qu’il considère comme des matières premières mal exploitées, et encourage une économie circulaire. Selon lui, éliminer le concept de déchets permet non seulement de réduire les coûts de production, mais aussi de créer de nouveaux emplois en réutilisant les ressources.
L’ODD 9, qui promeut une industrialisation inclusive et durable, est essentiel car il favorise un développement humain accru. Plus d’industries dans le PIB d’un pays signifie meilleur accès à l’éducation, à la santé, et plus d’égalité entre les sexes. L’industrie durable peut ainsi avoir des répercussions positives sur d’autres ODD, notamment la lutte contre la pauvreté et la faim.
Yvetot met en garde contre une réindustrialisation du Nord au détriment des pays du Sud. La solidarité mondiale est cruciale pour des conditions équitables, car le climat doit être combattu partout, pas seulement dans les grandes puissances comme l’Europe ou les États-Unis.
Vertiv et NVIDIA collaborent pour optimiser les Data Centers pour l'IA
Vertiv et NVIDIA ont lancé une nouvelle architecture d’infrastructure complète de 7 MW dédiée à la plateforme NVIDIA GB200 NVL72, marquant une avancée majeure dans la gestion des Data Centers optimisés pour l’IA. Cette collaboration vise à transformer les centres de données traditionnels en usines d’IA, capables de supporter des charges de travail d’IA à haute densité, avec un refroidissement hybride par air et liquide. La plateforme, composée de 4 608 GPU par installation, est conçue pour les applications d’IA et de calcul intensif, en utilisant des systèmes qui gèrent jusqu’à 132 kW par rack.
L’architecture offre plusieurs avantages : un déploiement accéléré jusqu’à 50 % plus rapide grâce à des modules préconfigurés, une optimisation de l’espace en réduisant l’encombrement de 40 %, et une efficacité énergétique accrue, avec une réduction des coûts de refroidissement de 20 %. En associant les technologies de Vertiv, leader en solutions d’infrastructure, avec la puissance de calcul de NVIDIA, cette collaboration vise à redéfinir la manière dont les entreprises gèrent les charges de travail dynamiques et préparent leurs centres de données pour l’avenir.
Selon Jensen Huang, PDG de NVIDIA, cette initiative réinvente l’infrastructure informatique et construit une nouvelle industrie d’usines d’IA.
Le bâtiment intelligent 5.0 : vers une architecture durable et régénérative
Les bâtiments intelligents 5.0 marquent une révolution dans l’architecture durable. Alliant technologie et écologie, ils vont bien au-delà de la réduction des émissions de carbone. Ces bâtiments, dotés de systèmes de gestion en temps réel et d’objets connectés (IoT), sont capables d’adapter automatiquement l’éclairage, le chauffage et la climatisation, en fonction de l’occupation pour minimiser le gaspillage d’énergie.
Leur évolution vers des bâtiments régénératifs repose sur des innovations telles que le biomimétisme, qui s’inspire des processus naturels pour créer des environnements plus résilients et restaurer la biodiversité. Le Swarm Intelligence et l’AIoT permettront une gestion encore plus fine et autonome des ressources, rendant ces bâtiments capables de produire de l’énergie renouvelable et de l’injecter dans le smart grid.
La clé du succès des bâtiments 5.0 est la convergence IT/OT, qui permettra une meilleure gestion des données et des sous-systèmes, assurant une efficacité optimale tout en réduisant l’empreinte carbone. Ces bâtiments régénératifs représentent l’avenir de l’architecture, en alliant confort des occupants, durabilité et biodiversité, avec un impact positif sur l’environnement.
L’Objectif « Net Zéro » : Vers la Fin de l’Industrie Automobile Européenne ?
Alors que la Chine intensifie ses efforts pour l’extraction pétrolière et que la consommation de charbon en Asie a bondi de 1990 à 2023, l’Union européenne poursuit son objectif de « net zéro » CO2 d’ici 2060. Cette stratégie impose l’électrification des transports et l’arrêt des ventes de véhicules thermiques en 2035. Pourtant, le succès des ventes de véhicules électriques est mitigé : après une forte croissance de 2019 à 2021, l’intérêt a chuté et en 2023, ces modèles représentaient seulement 40 % des intentions d’achat. La baisse des ventes thermiques s’est accentuée avec des malus croissants et une chute de 18 %, tandis que l’électrique affichait un recul de 44 %.
Malgré ce contexte, l’UE prévoit de durcir les normes à 93,6 g/km d’ici 2025, nécessitant un véhicule sur quatre électrique, sous peine de sanctions majeures. Luca de Meo, président de l’Association des constructeurs européens, a sollicité l’article 122.1 du TFUE pour repousser ces objectifs.
Cependant, des associations écologistes comme T&E s’y opposent. Bien qu’elles se disent indépendantes, elles sont financées par la Commission européenne et des fondations influentes. Ces financements posent la question de la neutralité des politiques.
Face aux choix énergétiques asiatiques, la survie de l’industrie automobile européenne et de ses emplois est en jeu. Assisterons-nous à la disparition de ce secteur vital ?
Immobilier Tertiaire : Réinvention ou Crise Annoncée ?
L’histoire de l’immobilier tertiaire montre que chaque crise peut apporter des opportunités de transformation. Face aux défis actuels — nouveaux modes de travail post-Covid, transition énergétique et hausse des taux — le secteur se retrouve à un tournant historique. Depuis les années 90, chaque crise (1993, bulle internet, crise des subprimes) a poussé l’immobilier à se restructurer et à renforcer sa résilience. Aujourd’hui, trois piliers guident sa réinvention : l’environnement, avec la mise aux normes pour un immobilier durable ; la flexibilité, grâce aux nouveaux espaces adaptés au télétravail ; et la technologie, qui fait des bâtiments intelligents une nouvelle norme. Ces transformations, plutôt que des menaces, sont des opportunités pour bâtir un parc immobilier moderne et durable. D’ici 2030, le secteur espère se réinventer et offrir des espaces adaptés aux nouvelles réalités, consolidant ainsi sa compétitivité et sa capacité à attirer les investisseurs pour un futur plus flexible, humain et résilient.
Industrie Française : Alerte Rouge sur l’Emploi et la Compétitivité
L’industrie française traverse une période difficile avec des baisses de commandes, menaçant emplois et usines. Depuis la fin de l’été, le climat des affaires s’est dégradé, rappelant les crises de la guerre en Ukraine et du Covid-19. Les carnets de commandes se vident, atteignant leur plus bas niveau depuis 2021, en raison d’une baisse des commandes étrangères, entraînant une accumulation des stocks.
Le secteur de l’aéronautique et de l’automobile est particulièrement touché, subissant un déclin plus marqué en France qu’à l’étranger. En plus des défis communs à l’Europe, comme la géopolitique et le déclin automobile, la politique intérieure française inquiète les industriels.
Le projet de budget pourrait fragiliser la compétitivité avec moins d’allègements sur les bas salaires, des restrictions sur l’apprentissage, la hausse de l’énergie, et une surtaxe d’IS pour les multinationales. Ce contexte met en péril le redressement amorcé. Eramet suspend son projet de recyclage de batteries, Airbus prévoit de supprimer 2500 postes, et Stellantis envisage de fermer des usines.
La chimie pourrait perdre 15.000 emplois d’ici trois ans, et la CGT recense 180 plans de licenciement menaçant 100.000 salariés. L’industrie française peut-elle surmonter cette tempête ?